Prix des actions – Pourquoi Google coûte plus cher que Alphabet ?

Un ticket d’entrée plus cher pour Google que pour Alphabet, sa propre maison-mère ? Voilà une étrangeté qui, à première vue, défie toute logique. Pourtant, derrière ces deux noms – l’un synonyme d’Internet, l’autre d’empire tentaculaire – se cache un jeu de miroirs boursiers où une simple lettre change la donne, aiguise les convoitises et fait grimper les enchères sur les marchés américains.

Certains investisseurs déboursent un supplément pour le pouvoir de voter, tandis que d’autres préfèrent s’en passer, quitte à payer moins. À Wall Street, la psychologie collective et la mécanique des titres s’entremêlent, transformant une action en bien plus qu’un logo ou un code sur un écran.

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Comprendre la structure du capital : Google, Alphabet et la question des actions

Derrière la vitrine du moteur de recherche le plus utilisé au monde, se déploie une architecture juridique et financière d’une rare complexité. Depuis 2015, Alphabet Inc., basée à Mountain View, supervise Google et une galaxie d’activités satellites – Waymo, Verily, DeepMind et consorts. Cette réorganisation, inspirée par Larry Page et Sergey Brin, n’a rien d’un simple changement de façade : elle isole le cœur de Google des autres paris technologiques, tout en gardant la main sur l’ensemble.

Le vrai coup de génie réside dans la structure du capital d’Alphabet, qui distingue plusieurs catégories d’actions :

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  • Les actions GOOGL (classe A), assorties du droit de vote.
  • Les actions GOOG (classe C), qui n’en offrent aucun.
  • Les actions de classe B, jalousement gardées par les fondateurs, concentrant l’essentiel du pouvoir.

Ce montage permet à Larry Page et Sergey Brin de garder la barre, tout en laissant entrer de nouveaux investisseurs. Résultat : une dualité GOOGL/GOOG qui se répercute directement sur la valorisation boursière, reflet de l’importance – réelle ou perçue – de pouvoir influer sur la destinée d’un mastodonte technologique.

Pourquoi deux cours différents ? Décryptage des actions GOOG et GOOGL

Sur les écrans du marché boursier, deux codes pour Alphabet : GOOG et GOOGL. Ce n’est pas un caprice, mais un choix stratégique qui sépare droits de vote et simple détention. Depuis le split d’avril 2014, l’action GOOGL (classe A) accorde une voix à chaque titre, tandis que GOOG (classe C) n’en donne aucune.

Les institutionnels, soucieux de peser dans la gouvernance, se tournent vers GOOGL, quitte à payer une petite prime pour ce privilège. Cet écart se retrouve chaque jour à l’ouverture du Nasdaq :

Symbole Droit de vote Typologie
GOOGL Oui Classe A
GOOG Non Classe C

L’écart n’est jamais spectaculaire, mais il persiste. Plusieurs raisons à cela :

  • Poids du droit de vote pour certains fonds, qui veulent une voix à la table.
  • Effets de liquidité et d’arbitrage entre les deux classes d’actions.

Avec une capitalisation boursière flirtant avec les 2 000 milliards de dollars, chaque détail de gouvernance se paie cash à Wall Street. Ici, même un droit symbolique peut valoir quelques dollars de plus par action.

Comparaison des prix : ce qui explique l’écart entre Google et Alphabet

L’écart de prix entre les actions dites « Google » et celles d’Alphabet s’enracine dans les méandres de la structure du capital et dans la perception collective. Alphabet, la maison-mère fondée en 2015, a séparé les rôles :

  • Les actions GOOGL (classe A) donnent accès au vote lors des assemblées générales,
  • Les actions GOOG (classe C) confinent à la détention pure, sans voix au chapitre.

Mais le prix ne s’arrête pas à ce droit. Il traduit la valeur symbolique accordée à la capacité d’orienter la marche du groupe. Sur le Nasdaq, à New York, quelques dollars d’écart par action font toute la différence à l’échelle d’un géant pesant près de 2 000 milliards de dollars.

La puissance financière d’Alphabet, portée par des résultats trimestriels colossaux – un chiffre d’affaires dépassant parfois les 70 milliards de dollars, des bénéfices qui grimpent – attise l’appétit pour ses titres. Les investisseurs guettent chaque variation, chaque frémissement, sur un S&P 500 où Alphabet côtoie les poids lourds que sont Apple, Amazon, Tesla ou Nvidia.

Ce ballet de cotations reflète bien plus que la valeur du moteur de recherche historique : il incarne la dynamique d’un groupe qui avance, investit, se projette, et dont la frontière entre Google et Alphabet s’estompe au fil du temps.

Investir malin : comment choisir entre les actions Google et Alphabet selon votre profil

Devant cette dualité d’actions, chaque investisseur doit jouer sa propre partition. Opter pour GOOG (sans droit de vote) ou GOOGL (droit de vote inclus), c’est d’abord arbitrer entre désir d’influencer la gouvernance et recherche de performance pure. Dans la réalité, la grande majorité des particuliers mise sur la liquidité et la dynamique du titre, laissant la question du vote aux mains des institutionnels.

  • Pour ceux qui visent la croissance et le rendement, GOOG ou GOOGL exposent à la même histoire : celle d’un leader mondial de la publicité en ligne, en pleine accélération sur l’intelligence artificielle.
  • Pour les profils désireux d’une implication dans les grandes orientations du groupe, GOOGL offre, sur le papier, un levier supplémentaire.

Le risque, qu’il s’agisse de GOOG ou GOOGL, reste identique : dépendance à la publicité, pressions réglementaires des deux côtés de l’Atlantique, concurrence féroce d’Apple, Amazon, Tesla, Nvidia. Les nouvelles voies, comme Bard ou Vertex AI, viennent élargir le champ des possibles pour les actionnaires.

À Paris, rares sont les établissements qui proposent les deux classes de titres. Il convient de vérifier la compatibilité avec un PEA (plan d’épargne en actions) : Alphabet, société américaine, n’entre pas dans tous les dispositifs d’épargne français. Pour profiter pleinement du potentiel de la tech californienne, détenir les deux types d’actions peut permettre de lisser l’écart de prix et de s’offrir une part de l’innovation made in Silicon Valley.

La prochaine fois que vous verrez deux cours différents pour « Google », souvenez-vous : derrière ces chiffres, c’est une lutte silencieuse pour le pouvoir, la voix et la stratégie qui se joue – et parfois, l’écart de prix raconte toute l’histoire.